Le 28 novembre 2022, le Conseil de l’Union Européenne donnait son feu vert à la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (directive CSRD).
Environ 50 000 grandes entreprises sont concernées par ces nouvelles règles, qui permettront aux marchés financiers de disposer d’informations fiables et comparables pour orienter les capitaux vers des investissements durables dans les grandes entreprises.
Désormais, charge aux États membres de l’Union Européenne de transposer ces règles en droit national. Ils ont 18 mois pour le faire. Le Gouvernement Français légiférera par ordonnance pour aller vite.
Les choses évoluent donc rapidement, en matière de RSE dans les grandes entreprises. Tant mieux !
Bien sûr !
Le mouvement de la directive CSRD ruissellera dans un second temps sur les plus petites entreprises qui constituent le très grand vivier de clients des cabinets d’expertise comptable.
Mais les Experts-Comptables se posent pourtant encore bon nombre de questions :
Philippe Arraou, Expert-Comptable, Ancien Président de l’Ordre national des Experts-Comptables et consultant aujourd’hui en stratégie et RSE, est intervenu sur ce sujet lors du Rassemblement du CEG à Rome, le 23 novembre.
Vous êtes membre du CEG ? Retrouvez l’intervention complète de Philippe Arraou et la table-ronde RSE ici.
Philippe Arraou cite Klaus Schwab, économiste allemand et fondateur du forum de Davos : « Dans le nouveau monde, ce n’est pas le gros poisson qui mange le petit ; c’est le plus rapide qui mange le plus lent ».
Si les cabinets d’expertise comptable ne se positionnent pas rapidement pour accompagner leurs clients dans la RSE, alors d’autres vont prendre la place, comme les cabinets de conseil non réglementés.
Or, la profession comptable a un atout justement : elle est règlementée ! Elle a des règles, qu’elle respecte. Cette particularité est selon lui un avantage compétitif à faire connaître et valoir auprès des clients.
Anticipation du bug de l’an 2000 (qui n’a pas eu lieu).
Passage à l’euro.
Covid et entrée brutale en confinement.
A chacune de ces étapes de grande incertitude, les Experts-Comptables ont parfois été les seuls à accompagner les chefs d’entreprise, pour les rassurer.
La RSE est une incertitude de plus. Son orientation finale est bonne. Mais le chemin pour y arriver est flou et impressionnant, en attendant les nouvelles normes.
Les Experts-Comptables peuvent donc à nouveau y exprimer ce soutien infaillible qu’ils prodiguent aux chefs d’entreprises.
Car les chefs d’entreprises savent désormais que l’objectif de leur société ne peut plus être la seule recherche de profit. L’entreprise doit désormais avoir une raison d’être.
Et cette raison d’être est un terrain propice à la création de nouvelles missions pour les Experts-Comptables.
« La raison d’être a pris une dimension juridique avec la loi Pacte de 2019 », explique Philippe Arraou.
Elle laisse beaucoup de liberté dans sa formalisation : « On fait comme on veut », précise Philippe Arraou. « La raison d’être d’une entreprise s’écrit dans ses statuts (…) Il faut penser à le faire ».
Certains penseront : si c’est facile à faire … c’est suspect ! Cela peut très bien être du vent, du greenwashing !
La raison d’être est un point de départ.
L’inscrire dans les statuts de l’entreprise pourra agir comme une boussole, pour éclairer des choix stratégiques futurs. Bien sûr, des cyniques pourraient très bien la laisser de côté, à peine inscrite dans des statuts. Mais attention au manque d’alignement entre la raison d’être et les actes, qui serait mal perçu par les collaborateurs en interne …
Derrière son formalisme facile, la raison d’être engage.
L’Expert-Comptable peut sensibiliser ses clients TPE à cette 1ère initiative simple à mettre en œuvre. C’est un bon moyen pour lui de commencer à se positionner en matière de RSE dans l’esprit de son client. Et même dans le sien …
Autre notion introduite par la loi Pacte : l’entreprise à mission.
Également inscrite dans les statuts de l’entreprise, elle fait l’objet d’un agrément et d’un contrôle par un organisme tiers indépendant tous les deux ans. Une procédure un peu plus fastidieuse, donc, qui pourrait constituer un nouveau domaine d’accompagnement par l’Expert-Comptable.
Aujourd’hui, on compte seulement 300 entreprises à mission en France. Toutes les entreprises y étant éligibles … le potentiel de missions est donc énorme !
Après son intervention plénière, Philippa Arraou a ensuite pu échanger avec Benoît Capelle et Florent Lavigne, du CEG, au cours d’une table-ronde.
Pour permettre aux Experts-Comptables de se positionner en matière de RSE, tous les trois sont tombés d’accord : questionner son client pour réaliser ensemble un diagnostic de ses points forts et de ses lacunes en matière de RSE est une excellente porte d’entrée.
Cette conviction commune est à l’origine de l’outil que développe Florent Lavigne pour les cabinets membres du CEG : le DiagOp.
Le DiagOp aidera les Experts-Comptables à structurer un entretien de vente, à l’aide d’un questionnaire accompagné qui dirigera ensuite immédiatement vers une restitution et un livrable.
Florent Lavigne est en train de paramétrer une première version du DiagOp avec un questionnaire de diagnostic RSE pour évaluer la maturité et les lacunes des clients des cabinets dans ce domaine.
Il a pu présenter lors de la table ronde les maquettes de l’outil, qui est en cours de production : une solution qui s’annonce extrêmement structurante et prometteuse !
Accompagnement à la définition de la raison d’être, au passage vers l’entreprise à mission, questionnement et diagnostic RSE … Les idées et outils concrets pour aider les Experts-Comptables à se positionner et déclencher des premières missions RSE chez les clients existent.
Et comme le dit Philippe Arraou, « le chemin se fait en marchant ».
Go !
Marine Lévesque, Responsable de la ligne éditoriale du CEG.
Vous êtes membre du CEG ? Retrouvez l’intervention complète de Philippe Arraou et la table-ronde RSE ici.
